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RétroFutura : quid des émissions de gaz à effet de serre dans le monde depuis 20 ans ?



Cette année, Futura fête son 20e anniversaire. L’occasion pour la rédaction de vous emmener fouiller dans ses archives numériques. Pour remettre en lumière quelques-uns des sujets qui ont fait l’histoire de notre média. La vôtre. La nôtre. Des sujets, comme celui d’aujourd’hui, de plus en plus sensibles…

Il y a 20 ans, les scientifiques s’inquiétaient déjà de nos émissions de gaz à effet de serre. Il faut dire que, quelques années plus tôt, en 1994, la Convention de Rio s’était fixé pour objectif de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre (GES) « à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Et, en 2001, les choses semblaient plutôt sur la bonne voie. Dans la rubrique « Planète » de Futura — un nouveau média de vulgarisation scientifique que l’on découvrait alors sous le nom de Futura-sciences –, on apprenait qu’en France, selon la Mission interministérielle de l’effet de serre, les émissions de GES se situaient au même niveau que celles de 1990. Ainsi, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) n’avaient-elles augmenté en 2001 que de 1,6 % par rapport à 1990. Comment la situation a-t-elle évolué depuis ?

Rappelons peut-être d’abord pourquoi il faut surveiller nos émissions de gaz à effet de serre de près. Parce qu’elles sont responsables du réchauffement climatique que nous connaissons aujourd’hui. Les scientifiques n’ont, depuis longtemps maintenant, plus aucun doute à ce sujet. Pour stabiliser les températures, il est désormais urgent de réduire nos émissions de GES. Et même, de les ramener à zéro.

Alors revenons au fil de notre histoire. En 2001 : des émissions plutôt stables, du côté de la France et des engagements pris pour qu’elles le restent. Pourtant, dès 2007, un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) faisait état d’une augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans 40 pays industrialisés entre 2000 et 2005. Avec une hausse globale de 2,6 %, il est à noter, toutefois, que la France faisait toujours figure de bonne élève avec un recul de ses émissions de 1,6 %. Et même une empreinte carbone des consommateurs en baisse entre 1980 et 2010, selon des chiffres de l’Insee.



Instruisez-vous pendant la mi-temps #ENGDEN

Voici l’évolution du CO2 dans l’atmosphère depuis bien avant l’apparition d’Homo Sapiens sur terre.

Une succession de cycles naturels, jusqu’à ce que l’humanité se mette à cramer des milliards de tonnes de combustibles fossiles. pic.twitter.com/0Z5WIEEFDs — laydgeur (@laydgeur) July 7, 2021

Des émissions de gaz à effet de serre qui explosent

En 2010, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) confirmait la triste tendance. « Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint de nouveaux pics et le taux d’accroissement de ces gaz s’est accéléré », pouvait-on lire. Largement mises en cause : les émissions de CO2. Entre 1990 et 2010, leur concentration dans l’atmosphère est passée de 280 à 389 parties par million (ppm). Une hausse de… 39 % !

En 2012, même constat. Et de nouveaux records. Une augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère de 2,2 ppm. Soit plus que la moyenne de 2,02 ppm des dix années écoulées. En 2013, l’accroissement a même été de 2,9 ppm ! Un rythme auquel les experts de l’OMM envisageaient le passage de la barre des 400 ppm pour 2015 ou 2016.

Sur cette vidéo, on découvre comment le dioxyde de carbone (CO2) issu de combustibles fossiles s’est accumulé dans notre atmosphère entre 2011 et 2012. Partant artificiellement de zéro pour arriver à une accumulation de 9 à 10 parties par millions (ppm) de CO2 ! © NOAA

Les concentrations en CO2 continuent d’augmenter

En 2019, un rapport du programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP) précisait pourtant que, pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris — à savoir limiter le réchauffement climatique anthropique à 1,5 °C –, il nous faudrait désormais réduire nos émissions de 7,6 % par an pendant la décennie 2020-2030.

En prenant des mesures aussi bien dans le secteur de l’agriculture et surtout de l’élevage, responsable aujourd’hui d’un quart des émissions de GES. Mais aussi dans celui de la production d’énergie, de l’industrie ou des transports. Ou même peut-être bientôt, du numérique et de l’Internet.

D’autant que, loin de diminuer, la concentration en CO2 dans l’atmosphère continue de battre des records. Le seuil des 400 ppm a été franchi pour la première fois en mai 2013. Et la concentration moyenne a dépassé ce chiffre en 2015. En 2018, nous avions frôlé les 408 ppm. En mai 2019, une autre barre symbolique était franchie, celle des 415 ppm. Du jamais vu depuis 3 millions d’années !

En 2020, la crise du Covid-19 a réussi là où tout avait échoué jusqu’alors. Elle a été à l’origine d’une baisse — malheureusement très ponctuelle — des émissions de CO2 dans le secteur de l’énergie de près de 6 %. Cela n’était pas arrivé depuis la Seconde Guerre mondiale.

Dans le même temps, certains soulignent de possibles failles dans le décompte des émissions. Des scientifiques ont même identifié 5,5 milliards de tonnes de CO2 qui n’auraient pas été intégrées aux chiffres. C’est tout de même l’équivalent des émissions annuelles des États-Unis !

Résultat, les chercheurs du service national britannique de météorologie (Met Office) annoncent déjà qu’en 2021, le taux de CO2 dans notre atmosphère se fixera à 50 % de plus que ce qu’il était avant l’ère industrielle. Et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) n’attend plus le pic des émissions pour avant… 2040 !

Parviendrons-nous à faire mentir ces prévisions ? C’est tout ce que j’espère, pour nous et pour nos enfants. Que nous prendrons enfin conscience de l’urgence climatique. De la nécessité absolue de changer, ensemble, nos modes de vie. Pour retrouver enfin, tous et chacun, la sérénité que nous avons perdue en chemin. Parce que c’est un peu ça, mon idée du bonheur…


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